Il en aura fallu du temps.
Il en aura fallu des négociations, de la sueur, du sacrifice pour livrer – sans trahir l’ambition de départ – les 8 minutes science-fictionnelles irradiées sur 24 images seconde.
L’état psychique dans lequel j’étais lors de l’écriture du scénario en valait-il la peine ? Il y avait cette volonté incendiaire où chaque partie de mon corps devenait matière fissile. Je venais de subir la nomenklatura culturelle et sa guillotine sans appel. Trois ans plus tard et tout un lot de nuits sans sommeil, de névroses, d’angoisses, d’états fiévreux, de colères, de prises de positions… mais d’optimismes certains, Baby Boom est là. De ce point de vue disons le : si on ne fait pas partie de la machine à clonage, chaque naissance sur pellicule est un miracle.
Un miracle né au cœur même des ténèbres. Des recherches, des révélations comme prise de conscience pure, des lectures, des relectures, de saintes lectures et des névroses en pagaille. On se persuade, on joue avant même les comédiens le désastre et la tragédie que l’on va mettre en scène. Un désert et au milieu une rose sur laquelle on se pique. Le sang se transformant en larme et ce n’est plus avec un pinceau que l’on peint, c’est avec une croix. Une implication jusqu’au malaise pour être confortable avec ce monde comme reflet fondamental de notre existence. L’Homme se nourrit du silence des morts et perpétue son propre génocide. Deux entités qui se font reflet dont la polarité est bien distincte : l’une meurt, l’autre nait. Et que la Vierge Marie m’excuse pour l’antinomie faite à elle-même. Mais c’est toujours devant un miroir que l’on trouve les premiers coupables.
Baby Boom ne représente que la surface non immergée d’un monde désormais bien entrouvert. Pour ma part, je sens bienvenu le moment de disparaître un temps au milieu d’un désert mais cette fois-ci stellaire. Il y a encore tant de choses à apprendre, à subir sur les écritures et films à venir. Qu’ils soient courts ou longs, on n’en revient rarement indemne… en tout cas, jamais le même. De jolis souvenirs plein la tête. Mais des cicatrices plein le cœur. C’est cela la manœuvre orchestrée depuis les ténèbres.
Thierry Lorenzi
End Communication